Le vil serpent
 
(Parfois arrogant ce discours n'est que mien, issu de mon vécu, mon ressenti, mon expérience, mes pensées... N'y voyez aucune attaque, juste un peu de réprimande bénéfique ! Ouvrons les yeux, ça ne nous fera que du bien.)

On se fait de fausses idées de presque tout, colportant souvent aberrations et réputations imméritées. On raconte ce que l’on veut bien raconter, on se laisse influencer par notre entourage, on se fie aux apparences ou aux premières impressions… Alors quand on regarde un animal hors du commun, rarement visible, fréquemment sur la défensive et excellemment armé on a tendance à le diaboliser. Et quand les préjugés traversent des dizaines de générations d’obscurantisme il devient difficile de soutenir ce qui, par conséquent, est devenu indéfendable. Si injuste soit cette sanction elle semble irrévocable.
 
Durant mes années de terrariophilie j’ai étudié les serpents, dans les livres, à la télé, sur internet, dans des articles scientifiques ou dans mes terrariums. J’ai souvent pris garde de ne pas trop dévoiler ma passion, du moins au début. J’ai entendu les questions et les histoires les plus absurdes concernant l’univers des serpents, où j’ai pourtant découvert les réalités les plus belles et les plus intrigantes. J’ai aussi remarqué, confus, que j’ai moi aussi « parlé sans savoir » avant d’en apprendre plus sur les ophidiens. Mais ce qui me rassure c’est que je sais qu’il m’aurait été possible de me remettre en question, ce qui est loin d’être le cas de tout le monde. J’ai pour anecdotes des histoires aberrantes où on m’a tenu tête sur des faits absurdes et où, devant preuves et réalités, les personnes ne lâchaient jamais prise !
 
Je vais lister et commenter tout ce qui me vient à l’esprit, mais je vais obligatoirement en oublier beaucoup !
 
  • À quoi ça sert ?
 
C’est de loin la question que je déteste le plus, même si elle est bien souvent posée en toute innocence. Premièrement le fait de parler d’utilité pour une passion, pire quand il s’agit d’animaux, est tout à fait inconcevable pour moi… Si j’ai tous ces serpents c’est parce qu’ils me fascinent, m’intéressent et me font voyager. Deuxièmement je trouve cela assez insultant, dans la mesure où je dédie ma vie à l’élevage des ophidiens et à leur étude. Je ne les ai ni pour l’argent, ni pour la frime. Je les ai parce que je les aime, tout simplement, et si c’est difficile à comprendre alors tant mieux, je n’ai jamais aimé être simple et superficiel.
 
  • Les serpents sont méchants/agressifs.
 
Certaines espèces sont plus sur leurs gardes que d’autres, mais aucun serpent n’est agressif (sauf rares territoriaux). L’agresseur c’est l’homme qui essaye de l’attraper, ou qui passe à côté. Mettez-vous à la place de l’animal, qui de plus est bien loin d’avoir le même cerveau que nous. Si vous vous trouviez en face de quelque chose de cent fois plus grand que vous vous feriez comme les serpents : Vous vous échapperiez en vitesse, bien souvent. Parfois, pris au dépourvu, vous tenteriez de l’impressionner, par des gestes ou des sons. Pour les plus téméraires vous passeriez à l’acte, frappant et mordant dans tous les sens, et encore plus s’il essayait de vous attraper. L’instinct de survie…
Je vous rassure, essayez de vous approcher d’un animal sauvage, il vous détestera autant que le serpent.
 
  • On ne peut pas s’attacher à un serpent.
 
J’ai cette phrase en horreur, tout comme la première question que j’ai pu commenter… C’est horrible à entendre, et encore plus quand cela vient de la bouche de quelqu’un qui n’est pas passionné par les serpents, qui, en gros, n’a jamais essayé et ne sait pas de quoi il parle. Les échanges avec les serpents sont bien différents de ceux que l’on peut avoir avec un chat ou un chien, l’intérêt est tout autre. Un serpent ne s’apprivoise pas, un serpent ne s’attache pas à son maître, même par intérêt, un serpent n’apporte rien de façon directe… Bref, alors comment peut-on s’y attacher ? Bien souvent on le reçoit minuscule et on lui aménage un habitat du mieux que l’on peut. On le voit grandir et atteindre des tailles inimaginables, comparé au juvénile qu’il était en arrivant. On gère différents paramètres pour s’assurer qu’il soit bien maintenu, on l’observe, on le regarde sous toutes les coutures. Parfois on le fait se reproduire… Du simple projet à la mort du serpent c’est une succession d’événements palpitants, qui dure des années. Des années de passion et de dévouement pour un animal qui nous donne tant en nous offrant à domicile ses mœurs ancestrales et lointaines, géographiquement et temporellement.
Il y a des échanges et ce dans les deux sens, même s’ils sont bien différents ils se complètent et fonctionnent en synergie.
 
  • Les serpents sont tous venimeux. (Et pas « vénéneux » !)
 
Le pourcentage de serpents venimeux est inférieur à 20, et parmi ces serpents venimeux tous ne sont pas dangereux pour l’homme. Malgré ces faits avérés il est fréquent de rencontrer des gens qui croient que tous les serpents sont venimeux. Pire parfois certains en mettraient leur main à couper, même si le fait était démenti par un éleveur passionné qui s’est déjà fait mordre à plusieurs reprises…
 
  • Tu leur coupes les dents ?
 
Je n’ai même pas envie de réagir à ce genre de questions… Pourquoi leur « couper » les dents ? Et lesquelles ? Quel intérêt ? Si on veut un serpent on l’assume, et avec ses dents !
 
  • L’histoire d’un serpent qui guette du haut des arbres, s’accrochant aux branches avec ses dents pour fouetter le premier humain qui passe, en se balançant, ce qui, apparemment, le tue sur le coup…
 
Merci grand-mère… Au passage le serpent était une vipère de 3 mètres de long ce qui n’existe pas, et encore moins en France avec nos pauvres petites vipères ne dépassant pas le mètre. Cette histoire est une des plus hallucinantes que j’ai pu entendre et il a été impossible de la démentir. C’est affolant ! (PS : Bitis gabonica est la plus longue vipère du monde. Elle mesure en moyenne 1m20 et atteint parfois des tailles voisines des 2m, mais on est très loin des 3m !)
 
  • Un serpent de 20 mètres !
 
Et bien ça n’existe pas ! (Oubliez tous les montages photos et vidéos vus sur le net !) Et l’anaconda n’est d’ailleurs pas le plus grand serpent au monde, au passage. Il est le plus massif, et on parle d’ailleurs plus précisément de l’anaconda vert, Eunectes murinus. Les records de taille sont situés aux alentours des 8 mètres pour de belles femelles, mais ça reste relativement rare. On trouvera surtout dans la nature des anacondas aux alentours des 5 mètres pour les plus gros, et encore. Le serpent le plus long du monde est le python réticulé, Broghammerus reticulatus, avec des records avoisinant les 10 mètres.
 
  • L’histoire du serpent qui veut manger son propriétaire et qui jeûne dans ce but.
 
On commence à descendre bien bas. Un serpent se nourrit par instinct. Il voit une proie, il la tue et il la mange si les conditions sont adéquates, point. Il ne va pas réfléchir des jours à l’avance et encore moins manger un humain qui ne fait pas partie de son régime alimentaire ! D’autant plus qu’aucun serpent autorisé n’est capable d’avaler un humain.
 
  • L’histoire du serpent qui mesure son propriétaire en s’allongeant à côté de lui.
 
Je crois que ça se passe de commentaires, là on ne peut plus rien faire…
 
Bref, j’en ai de nombreuses autres en tête mais la bêtise est assez illustrée ici. Qu’on croit certaines de ces choses peut se comprendre. Quant à ceux qui sont persuadés de détenir la vérité c’est une autre histoire… Il y a des choses tellement absurdes que cela pourrait même faire sourire un enfant de 10 ans.

 



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